Bébés Ozempic : les médicaments amaigrissants augmentent-ils le risque de grossesse ?

Le phénomène des « bébés Ozempic » : qu'en est-il réellement ?

Avez-vous déjà entendu parler des « bébés Ozempic » ? Sur TikTok, de nombreuses femmes partagent leur expérience de grossesse inattendue survenue alors qu'elles utilisaient des médicaments à base de GLP-1, sous le hashtag #Ozempicbabies.

« Ozempic » est le nom le plus connu de cette classe de médicaments, mais d'autres traitements comme Mounjaro ou Wegovy produisent des effets similaires. Il faut toutefois bien l'admettre : l'expression « bébés des médicaments GLP-1 » est nettement moins accrocheuse.

La question demeure donc : ces médicaments augmentent-ils réellement les chances de grossesse ?

Ces médicaments peuvent-ils favoriser une grossesse ?

Tout d'abord, des recherches supplémentaires sont nécessaires, car les données actuellement disponibles sont encore trop limitées pour permettre de tirer des conclusions fermes.

Il n'en reste pas moins pertinent de s'intéresser à cette question.

À ce jour, deux explications principales pourraient éclairer le lien observé entre les médicaments amaigrissants et la survenue de grossesses :

1. Amélioration de la fertilité liée à la perte de poids
   Un poids de santé joue un rôle important dans la fertilité, notamment parce qu'il contribue à un meilleur équilibre hormonal. La perte de poids peut donc augmenter les chances de grossesse.
2. Effet sur l'absorption des contraceptifs‍
3. Les médicaments GLP-1 ralentissent la vidange gastrique. En théorie, ce mécanisme pourrait par exemple influencer l'absorption de la pilule contraceptive et en réduire l'efficacité. Nous parlons bien « en théorie », car ce processus doit encore être étudié plus en détail. À ce stade, les études disponibles suggèrent que cet effet reste minime.

Peut-on vraiment parler d'un « baby-boom Ozempic » ?

Non. Malgré toute l'attention médiatique et la popularité du hashtag #Ozempicbabies, qui pourraient laisser penser le contraire, il ne s'agit pour l'instant que de quelques cas de grossesses inattendues [1].

Aux Pays-Bas, par exemple, selon la chaîne télévisée RTL Nieuws, le centre de pharmacovigilance Lareb a reçu :

• Deux signalements de grossesses chez des patientes diabétiques ayant utilisé ces médicaments.
• Quatre signalements concernant les médicaments Ozempic, Rybelsus et Wegovy. Dans au moins un cas, la grossesse n'était pas souhaitée.

Les GLP-1 ne sont pas un remède miracle pour la fertilité

Attention : les médicaments à base de GLP-1 ne sont pas des traitements de fertilité. Ils sont destinés au traitement du diabète et à la perte de poids. Une fertilité accrue peut être une conséquence possible, mais ce n'est pas un effet escompté. 

En résumé : il n'existe actuellement pas suffisamment de preuves que les médicaments GLP-1 réduisent l'efficacité des contraceptifs, mais en théorie, cela pourrait être le cas.

Perte de poids et fertilité : quel est le lien ?

Des études montrent que la perte de poids, qu'elle soit obtenue par un régime, des médicaments ou toute autre méthode, augmente les chances de grossesse chez les femmes en surpoids ou obèses [2‑5].

Cela s'explique par le fait qu'un IMC élevé réduit la fertilité : selon les estimations, les chances de grossesse diminuent d'environ 5 % par point d'IMC supérieur à 29 [6].

En effet, l'obésité peut perturber l'ovulation, dérégler le cycle menstruel et déséquilibrer les hormones. Chez les hommes également, l'obésité réduit la fertilité, car elle a un effet négatif sur la production et la qualité du sperme [7].

Pourquoi le poids est-il si important pour la fertilité ?

Le surpoids affecte la fertilité à plusieurs niveaux. Les hormones se déséquilibrent, le cycle devient irrégulier et, parfois, l'ovulation ne se produit même pas. Voici comment cela fonctionne :

1. Excès d'œstrogènes
   Les tissus adipeux produisent des œstrogènes, tout comme les ovaires. Si vous avez beaucoup de cellules graisseuses, votre taux d'œstrogènes augmente considérablement. Le problème ? Le corps est perturbé et « pense » parfois que vous êtes déjà enceinte. Conséquence : l'ovulation est supprimée ou irrégulière [8].
   
   
2. Syndrome des ovaires polykystiques (SOPK)
   Le surpoids et le SOPK vont souvent de pair. Ce syndrome est l'une des causes les plus fréquentes de problèmes de fertilité chez les femmes. Il provoque un déséquilibre hormonal, une résistance à l'insuline et un cycle tout sauf régulier [9].
   
   
3. Cycle irrégulier
   De nombreuses femmes ayant un IMC élevé n'ovulent pas ou très peu. Cela peut être dû au SOPK, ou simplement à un cycle perturbé [10].

La perte de poids aide-t-elle vraiment à améliorer la fertilité ?

Oui, absolument. Même une perte de poids modeste peut déjà faire une différence. Lorsque les femmes obèses perdent 5 à 10 % de leur poids corporel, les médecins constatent souvent une amélioration de l'ovulation, des menstruations et de l'équilibre hormonal [11].

Si vous utilisez un médicament à base de GLP-1 tel que l'Ozempic, la perte de poids est souvent encore plus importante : en moyenne 15 à 20 %. Cela peut représenter un vrai changement pour les femmes qui ont des règles irrégulières ou absentes.

Chez les patientes atteintes du SOPK, le même phénomène est observé : lorsqu'elles perdent du poids, l'ovulation revient souvent. Les menstruations deviennent plus régulières et les chances de grossesse augmentent considérablement [12].

En résumé : un IMC élevé réduit la fertilité, tant chez les femmes que chez les hommes. Mais bonne nouvelle : perdre du poids, même un peu, peut considérablement augmenter vos chances de tomber enceinte.

GLP-1 et contraception : la pilule est-elle toujours fiable ?

Bien que les données concrètes fassent encore défaut, les femmes devraient être particulièrement vigilantes si elles prennent la pilule contraceptive pendant un traitement au GLP-1, tel que l'Ozempic ou le Mounjaro.

Pourquoi ?

Ces médicaments ralentissent notamment la vidange gastrique. Cela signifie que les aliments, mais aussi les médicaments, sont absorbés plus lentement par votre corps, ce qui pourrait influencer l'efficacité des contraceptifs oraux comme la pilule.

Autrement dit, la protection contre la grossesse n'est pas toujours optimale.

Cependant, les études menées jusqu'à présent montrent que cet effet reste minime. En d'autres termes, il s'agit surtout d'une théorie qui n'a pas encore été prouvée.

Risque supplémentaire pendant la phase de démarrage

C'est pendant la période dite de titrage — les premières semaines où le médecin augmente progressivement la dose — que ce risque est le plus élevé. L'organisme doit encore s'habituer au médicament, et l'absorption des principes actifs peut être moins prévisible.

Nausées et vomissements : un autre problème

Au début, de nombreuses personnes prenant des médicaments GLP-1 souffrent d'effets secondaires tels que des nausées ou des vomissements. Si vous vomissez dans les heures qui suivent la prise de la pilule, il est probable qu'elle n'ait pas été correctement absorbée. Dans ce cas, la protection contre la grossesse pourrait être compromise.

Que dit la science ?

À ce jour, peu de recherches ont été menées sur l'influence directe du GLP-1 sur l'efficacité de la contraception.

Cependant, des études animales donnent une première indication. Chez les rats, par exemple, il a été démontré que le GLP-1 augmente la production de l'hormone lutéinisante (LH), essentielle au déclenchement de l'ovulation. Les rats traités ont même eu plus de descendants.

Bien sûr, ces résultats ne permettent pas de tirer de conclusions définitives pour les humains, mais ils suggèrent que le GLP-1 peut influencer l'équilibre hormonal.

Que disent les fabricants ?

• Mounjaro avertit explicitement dans sa notice que la pilule peut être moins efficace.
• Ozempic et Wegovy délivrent un avertissement plus général : les médicaments oraux peuvent être absorbés différemment.

Que faire alors ?

Compte tenu de ces risques, il est conseillé d'utiliser une méthode contraceptive alternative ou complémentaire, par exemple :

• préservatifs ou diaphragme (en particulier pendant la période de titrage)
• stérilet (hormonal ou au cuivre)
• implant contraceptif (tel que Nexplanon®)
• anneaux vaginaux (tels que NuvaRing®, EluRyng® ou Annovera®)

En résumé : la pilule peut ne pas toujours être fiable en association avec un médicament GLP-1. Vous souhaitez éviter une grossesse ? Optez alors pour une protection supplémentaire, surtout pendant les premières semaines de votre traitement.

Fertilité chez les hommes : Ozempic peut-il améliorer la qualité du sperme ?

On se concentre souvent sur les femmes, mais la perte de poids — qu'elle soit due ou non à un traitement par GLP-1 — peut également influencer la fertilité chez les hommes.

Chez les hommes obèses en particulier, certains éléments indiquent que la perte de poids entraîne :

• une concentration plus élevée de spermatozoïdes
• une meilleure motilité
• une forme plus saine des spermatozoïdes

Ces améliorations semblent principalement liées aux bénéfices métaboliques et hormonaux de la perte de poids. En effet, le surpoids perturbe la production d'hormones sexuelles masculines, telles que la testostérone, ce qui peut inhiber la production de sperme.

Il est donc important que les utilisateurs masculins soient également conscients de cet effet secondaire positif potentiel des médicaments amaigrissants.

En résumé : la perte de poids peut améliorer la fertilité des hommes, surtout s'ils sont obèses, en favorisant un meilleur équilibre hormonal et une meilleure qualité de sperme.

Ozempic est-il sans danger pendant la grossesse ?

Non. Sur la base des connaissances actuelles, l'utilisation d'Ozempic pendant la grossesse est déconseillée.

Que disent les études ?

Des études animales montrent que les médicaments GLP-1, tels qu'Ozempic, peuvent nuire au développement du fœtus [13].

Les femmes enceintes ou souhaitant le devenir ont donc été exclues des essais cliniques initiaux. Il n'existe pas encore suffisamment d'études chez l'humain pour savoir avec certitude si l'Ozempic entraîne des complications telles que des malformations congénitales ou des fausses couches.

La prudence est de mise

En raison de cette incertitude, l'utilisation d'Ozempic est à éviter par précaution pendant la grossesse.

Le fabricant recommande d'arrêter le traitement au moins deux mois avant une grossesse planifiée, afin de permettre à l'organisme de métaboliser complètement le sémaglutide, principe actif du médicament.

Que faire en cas de grossesse inattendue ?

Arrêtez immédiatement le traitement et contactez votre médecin dès que possible. Ensemble, vous pourrez déterminer la meilleure marche à suivre.

Recherches en cours

Une étude à long terme sur la sécurité de Wegovy pendant la grossesse est actuellement en cours. Les résultats sont attendus en août 2027 [14].

En résumé : Ozempic n'est pas sans danger pendant la grossesse. Arrêtez le traitement au moins deux mois avant de tomber enceinte et contactez immédiatement votre médecin en cas de grossesse inattendue.

Que ne savons-nous pas (encore) ?

De plus en plus d'indices suggèrent que les médicaments GLP-1, tels que l'Ozempic, peuvent avoir un impact sur la fertilité, mais le mécanisme exact reste à élucider.

Beaucoup de questions en suspens

Nous en savons encore peu sur l'effet direct de ces médicaments sur la fertilité et la grossesse. L'amélioration de la fertilité observée chez certaines femmes semble surtout liée à la perte de poids.

Mais cet effet est-il dû au médicament lui-même ? Ou principalement à une meilleure métabolisation et à un équilibre hormonal amélioré après la perte de poids ? Il n'existe pas encore de réponse claire.

De nombreuses informations manquent également concernant la sécurité pendant la grossesse et l'allaitement. La recherche sur ces sujets en est encore à ses balbutiements. En attendant, la prudence reste de mise.

Battage médiatique ou réalité concrète ?

Le phénomène des « bébés Ozempic » n'est donc pas totalement infondé. Mais selon les experts, le battage médiatique sur les réseaux sociaux va souvent plus vite que la science.

De nombreuses questions demeurent sans réponse. Nous ne savons pas, par exemple, si les médicaments GLP-1 affectent la fertilité de toutes les personnes ou seulement de certains groupes spécifiques, comme les personnes obèses ou atteintes du SOPK.

Ce qui est certain, c'est que chez les femmes en surpoids, la perte de poids augmente les chances de grossesse, même si cette perte est en partie obtenue grâce à des médicaments.

C'est pourquoi il est particulièrement important d'utiliser une contraception efficace pendant le traitement.

En résumé : il reste encore beaucoup à découvrir sur le GLP-1 et la fertilité. Les effets positifs semblent surtout liés à la perte de poids, et non nécessairement au médicament lui-même. En attendant que d'autres recherches soient menées, la prudence reste de mise. Vous prenez la pilule ? Associez-la temporairement à une autre méthode contraceptive.

Conclusion

Tant que les scientifiques attendent des données concrètes, l'effet des médicaments GLP-1 sur la fertilité et la grossesse reste largement inconnu.

Mais compte tenu de l'utilisation de plus en plus répandue à l'échelle mondiale de traitements tels qu'Ozempic et Mounjaro, ces connaissances vont rapidement augmenter dans les années à venir.

Ce que nous savons actuellement : ces médicaments sont relativement nouveaux et leur effet précis sur la fertilité n'a pas encore été étudié en profondeur. Nous ne pouvons donc pas encore dire exactement combien de femmes tombent enceintes dans le cadre d'un traitement à base de GLP-1.

Tout porte à croire que la perte de poids, l'amélioration de l'équilibre hormonal et le meilleur métabolisme jouent un rôle important.

La science doit encore déterminer si c'est le médicament lui-même qui influence la fertilité ou si c'est surtout l'effet de la perte de poids.

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